dimanche, novembre 19, 2006

La timidité, est-ce un défaut ?

Propos d'Alexandrine Saint-Cast, psychomotricienne, membre de la Fédération Française de Psychomotricité, ainsi que de l'Association pour la recherche et le développement psychomoteur.

Alexandrine Saint-Cast : Non ce n'est pas un défaut, c'est une manière de ressentir et d'exprimer par des réactions comportementales un malaise dans certaines situations relationnelles, d'échanges avec une autre personne.

Ce n'est pas un défaut mais c'est gênant, car cette émotion négative, inconfortable pour l'enfant, est associée à une crainte, une anxiété.

Etre timide, c'est ne pas oser, savoir mais ne pas faire, réduire ses capacités d'expression, ne pas utiliser ses potentiels. L'enfant est comme submergé par ses émotions et ne peut plus se contrôler.

On voit bien comment ce vécu peut devenir un frein, même une source de souffrance. C'est pour cela qu'il est bon d'aider les enfants à dépasser leur timidité.

Comment repérer la timidité chez un enfant ?

A. S.-C. : Ce type de réaction peut apparaître à partir de 3 ans environ. Avant, l'enfant a peu conscience de ses actions avec l'autre. Il est tourné vers lui et ne réalise pas distinctement que l'autre peut penser quelque chose à son sujet.

C'est quand cette prise de conscience de l'autre apparaît que l'enfant perd une certaine spontanéité relationnelle. Il peut devenir plus réservé, ce qui est tout à fait habituel.

Ce qui attirera l'attention c'est l'enfant qui rougit, pâlit, se blottit dans les jambes de sa mère, se cache le visage face à un adulte ou à d'autres enfants.

D'autres vont s'exprimer de manière toute différente. Ils ne vont pas se renfermer mais au contraire trop s'ouvrir, parler vite et fort, bouger, sauter. Ces réactions aussi sont le signe d'une difficulté à trouver la bonne place, la bonne distance relationnelle.

Toutes les combinaisons sont possibles entre ces deux extrêmes. Un enfant peut être renfermé en relation duelle et trop expansif, s'exciter en groupe, par exemple.
Les enfants peuvent être intimidés face aux adultes ou entre eux. C'est alors que l'on sera attentif à ce qu'il exprime pour l'aider à ne pas prendre l'habitude de réagir ainsi.

Comment faire ? Après tout, si c'est sa nature d'être réservé, pourquoi ne pas le laisser tranquille ?

A. S.-C. : Chaque enfant a sa propre personnalité et donc ses modes de réactions à respecter. Il s'agira donc ici d'une question de dosage.

Une trop grande timidité est liée à un vécu désagréable et peut même aller jusqu'à une anxiété relationnelle, à une inhibition psychomotrice. Parfois, ces réactions de protection peuvent être liées à une certaine agressivité tournée vers l'autre ou contre soi, c'est une manière de bloquer l'échange, de se positionner en négatif.
Comme souvent, ce sont ses autres réactions qui vont permettre d'évaluer la situation. Si, par ailleurs, l'enfant est à l'aise, mange et dort bien ; s'il se rassure et change d'attitude, pas d'inquiétude.

Par contre si d'autres comportements évoquent aussi une anxiété, un malaise, il faudra être attentif et l'aider à s'épanouir.

Comment rassurer l'enfant timide ?

A. S.-C. : Les parents ont à la fois un rôle de protection et d'ouverture pour leur enfant face à son environnement. La défaillance de l'un ou l'autre peut entraîner un manque de confiance en soi.

Par exemple, laisser un enfant dans un endroit inconnu de lui sans explication ou préparation peut l'inquiéter, être en retard pour venir le chercher aussi. Ces situations risquent de créer un sentiment d'insécurité.

Au contraire, le surprotéger, ne pas le laisser faire des expériences nouvelles, ce qui est une manière de ne pas lui faire confiance, n'est pas non plus positif.
Il est donc toujours souhaitable d'expliquer à un enfant ce qu'on va faire, ce qui va se passer, de le préparer à certaines situations qui peuvent être inquiétantes comme une consultation médicale, même quand il est très jeune et ne parle pas encore.

Le temps d'adaptation à la crèche, par exemple, sert à cela. Pour que l'enfant ne ressente pas un choc lors de la séparation et qu'il n'en garde pas un mauvais souvenir.

On sera aussi attentif à ses demandes particulières qui varient d'un enfant à l'autre et en fonction de son âge.

De plus, les enfants sont très sensibles à ce que l'on dit d'eux. Attention donc aux "étiquettes" vite posées qui, en retour, renvoient à l'enfant une image à laquelle il se conformera. Bien sûr ne pas se moquer de lui, respecter son comportement et lui en parler pour lui faire comprendre qu'il peut s'exprimer avec des mots, sans se bloquer ni se laisser envahir par ses émotions.

Sources
http://www.france5.fr/maternelles/eveil/W00252/1/85765.cfm

Pour en savoir plus
http://www.mfacf.gouv.qc.ca/services-en-ligne/a-nous-de-jouer
/fiches/timide.asp?comportement=tous


http://ca.pampers.com/fr_CA/learning/page/tpc_article_details/
topicId/207/type/101/contentId/9287.do;jsessionid=
3SQIJW1OHEOZTQFIAJ0X0MY

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