samedi, juillet 15, 2006

Devoirs de vacances : pour ou contre ?

Début

Corvée voire punition pour les uns, jeu ou volonté de progresser pour les autres, les cahiers de devoirs de vacances ont de plus en plus de succès. Pour ou contre ?... Quelques éléments de réponse.

Pour
Edwige Antier (Pédiatre)

«L'occasion d'apprendre autrement, dans la gaieté, en famille»
«Je pense qu'on ne peut pas se passer des devoirs de vacances. En France, nous avons de très longues vacances scolaires, pendant lesquelles ce qui a été appris s'oublie. Il est donc important de stimuler les acquis. Les devoirs de vacances permettent aux parents de transmettre leurs connaissances en partageant du temps avec leurs enfants.

Il faut évidemment que le temps de travail soit bien réparti sur toute la durée des vacances. Il ne sert à rien d'imposer un rythme effréné et de faire travailler l'enfant pendant deux mois. Le résultat n'en serait pas meilleur. L'idéal, selon moi, c'est un mois de repos total - juillet, par exemple - et un mois d'août au cours duquel l'enfant avance à son rythme. Une heure par jour me semble suffisant. La contrainte ne sert à rien. La révision doit se faire dans la bonne humeur, ce qui est la condition sine qua non de la réussite pour l'enfant.

Le rôle des devoirs de vacances est de maintenir les neurones sous tension. Cela ne doit pas être synonyme de stress. Ils ne sont pas la solution miracle à l'échec scolaire, mais plutôt l'occasion d'apprendre autrement, dans la gaieté, en famille.

Autre bénéfice, ils permettent aux enfants angoissés de reprendre confiance en eux, progressivement, de façon régulière. Ainsi, l'élève ayant éprouvé quelques difficultés pendant l'année scolaire se sentira mieux armé face à la nouvelle année scolaire. Finalement, les devoirs de vacances enlèvent du stress à celui qui les fait, au lieu de l'accentuer, comme les parents ont souvent tendance à le croire.

Il faut aussi souligner l'importance de la lecture. L'été permet aux parents de prendre le temps de raconter des histoires à leurs enfants, ce qui leur donnera naturellement envie ensuite d'aller plus loin en lisant eux-mêmes.

Une semaine avant la rentrée, il faut se remettre dans le rythme scolaire. Ces longues vacances auront fatalement fait perdre leurs repères aux enfants. Hors d'une contrainte horaire véritable, le travail leur devient un peu étranger. Les devoirs de vacances sont aussi un lien nécessaire entre deux années scolaires. Ils ont deux vertus essentielles: ils permettent aux parents de voir ce que font leurs enfants et ils les impliquent dans leur apprentissage. Tout cela contribue à élargir la relation entre eux, c'est plutôt positif.»


Contre
Isabelle Ablard-Dupin

Professeur, déléguée permanente à la Fédération des écoles Steiner-Waldorf
«Ils confortent l'enfant dans son échec, si échec il y a»
«Les cahiers de vacances sont une mauvaise réponse à une vraie question. Le temps du repos est très important pour les acquisitions. Les vacances portent conseil.

Les cahiers de vacances ont tendance à conforter l'enfant dans son échec, si échec il y a. L'élève qui ne réussit pas pendant l'année accumulera encore plus de stress en éprouvant des difficultés avec ses devoirs de vacances, stress qui se répercutera au début de l'année suivante.

Il ne sert à rien de faire travailler des enfants contre leur gré. Cela les braque davantage contre l'école et les parents. Travailler pendant l'été est souvent vécu comme une frustration, voire une punition. Personne ne gagne à ce jeu-là.
Il vaut mieux utiliser le temps des vacances pour pratiquer un sport, par exemple. On pourrait aussi imaginer des congés pendant lesquels les enfants seraient encouragés autrement à activer leurs sens. Il faut que les petits aient des périodes de repos actives, qu'ils restent éveillés, que leur vie soit stimulée.

Il existe diverses manières de doper l'intellect de l'enfant. Tenir un journal de bord, par exemple, dans lequel seraient consignés les faits marquants des vacances. Ou bien lire à son rythme, tout simplement. Là, il s'agit pour les parents de chercher les livres dont leurs bambins ont envie. On ne peut que regretter la désaffection constatée ces dernières années pour les colonies de vacances ou les camps, où justement les enfants trouvaient cette stimulation intellectuelle.

L'activité physique est également très importante, tout comme le contact avec la nature. Contrairement à une idée reçue, nous n'avons pas, en France, les vacances scolaires les plus longues d'Europe. Dans les pays scandinaves, en Suède notamment, les enfants bénéficient de trois mois en été. Et il y est question non de devoirs, mais plutôt d'activités d'extérieur.

Le temps libre est nécessaire pour acquérir du recul par rapport à l'année écoulée et pour mûrir les acquis. Rien ne sert de rajouter encore du travail à des enfants qui en sont bien souvent déjà surchargés pendant toute l'année.»


Pour et contre

«Du cours préparatoire à la sixième, il est préférable de se remettre en condition avant la rentrée», estime Patricia Lelièvre, psychologue intervenante de l'Ecole des parents et des éducateurs des Bouches-du-Rhône. «Ce sont en effet des années cruciales pour faciliter l'acquisition des notions de base enseignées en primaire (lecture, écriture, calcul). Certes, les enfants ont besoin d'une coupure dans les apprentissages. Beaucoup sont fatigués en fin d'année scolaire, notamment ceux qui pratiquent plus d'une activité en dehors de l'école. Mais les "grandes vacances" durent deux mois et demi. C'est une rupture très longue et il est souhaitable, entre un mois et quinze jours avant la rentrée, de revoir quelques éléments du programme». Cela permet en effet de retrouver des automatismes, de réapprendre à fixer son attention, de se réengager dans la réflexion, de reprendre contact avec le vocabulaire scolaire. Cette remise dans le bain est plus particulièrement importante avant l'entrée en sixième, où l'enfant va devoir s'adapter à un nouvel environnement scolaire : plusieurs classes, plusieurs professeurs...

Pas plus d'une 1/2 heure

Pour autant, les vacances doivent être principalement consacrées aux loisirs et une demi-heure quotidienne d'exercice suffit. «L'idéal», précise Patricia Lelièvre, «est de faire les devoirs toujours à la même heure. Ce repère rappelle le rythme scolaire. Il permet aussi de ne pas perturber l'enfant dans un jeu ou une autre activité». Les séances ne doivent pas devenir une véritable épreuve pour tout le monde. Le but des devoirs de vacances est de susciter la réflexion, pas d'accumuler les performances. «Il ne doit pas s'agir d'apprentissages forcés ou de compétition et il faut éviter de mettre l'enfant sous pression. Pour les enfants rétifs, il existe d'autres moyens d'entretenir l'intérêt et de stimuler le raisonnement : le jeu, la lecture, la découverte de la nature». Les jeux, notamment ceux à plusieurs, permettent ainsi la réflexion et la socialisation. Le dessin améliore la maîtrise du crayon. Pour donner le goût de la lecture, rien de tel que de lire des histoires et si le livre appartenait à l'un des parents quand il était petit, l'intérêt n'en est que plus aiguisé. Les sorties et les balades sont aussi propices aux découvertes. On peut remplacer les devoirs de vacances par un cahier où les enfants inscrivent leurs souvenirs, collent des images, font sécher des fleurs et sur lequel on peut rajouter quelques observations de sciences naturelles ou sur des sujets particuliers puisés avec l'enfant dans des livres. Autant d'alternatives, de nouvelles approches, qui peuvent aider l'enfant dans son apprentissage scolaire, voire déverrouiller certains blocages.
Fin

Références
http://www.epe13.com/telechargements/
devoirs%20de%20vacances.pdf

Annuaire gratuit