vendredi, avril 14, 2006

AU SECOURS ! MES PARENTS DIVORCENT !

Début

Le divorce des parents (ou la séparation pour les couples qui vivent en concubinage) est pour tout enfant un événement majeur qu'il n'a pas choisi de vivre, qui lui est imposé par ses parents. Ces derniers ont donc le devoir de faire en sorte que l'enfant en souffre le moins possible. Pourtant, ce n'est pas toujours chose facile à réaliser car eux-mêmes vivent un moment très éprouvant de leur vie d'adulte. Mais cependant malgré tous les bouleversements, toutes les vicissitudes, ils doivent avoir le souci majeur de préserver leur enfant au maximum afin de ne pas troubler son développement psychique.

Cet article a pour but d'aider ceux qui vivent cette épreuve à y voir un peu plus clair.

L'époque précédant le divorce :

Le divorce est presque toujours précédé de signes annonciateurs : querelles de plus en plus fréquentes, critiques, récriminations, menaces, injures voire violences caractérisent assez souvent l'ambiance familiale qui règne au foyer avant la décision définitive.

Bien sûr, il faut faire en sorte que l'enfant ne soit pas le témoin de ces disputes mais malgré tous les efforts des uns et des autres, l'enfant va être affecté par cette atmosphère délétère.
Vouloir lui cacher que quelque chose ne va pas dans le couple serait pure hypocrisie qui accroîtrait son malaise. Il faut donc lui expliquer avec des mots simples que son papa et sa maman se sont beaucoup aimés mais qu'en ce moment ils ont du mal à vivre ensemble.
Le rassurer en lui expliquant que, quoiqu'il arrive, ses parents resteront toujours ses parents. Ce n'est pas lui qui divorce mais ce sont ses parents. Le divorce doit rester une affaire qui se règle entre adultes et il faut se garder absolument d'y mêler les enfants. Sinon, l'enfant se sentira coupable d'avoir pris parti pour l'un ou pour l'autre. Ce n'est pas à lui non plus de donner son avis sur un éventuel divorce. S'il était ainsi sollicité, il perdrait sa place d'enfant ce qui n'irait pas sans dommage pour sa santé psychique.
Donc essayer au maximum de tenir l'enfant à l'écart des disputes répétitives suivies de réconciliations éphémères qui lui donneraient l'image angoissante d'un ambiance familiale imprévisible. Expliquer simplement ce qu'il en est de la situation actuelle en insistant bien sur le fait que ce sont des histoires d'adulte et que lui n'est pour rien dans les conflits qui opposent ses parents.

Changement de lieux, changement de rythmes de vie :

Le divorce une fois établi, le plus souvent, l'enfant va avoir sa résidence habituelle chez l'un des parents et ira vivre chez l'autre parent un week-end sur deux ainsi qu'une partie des vacances.
Plus rarement, l'enfant peut -être alternativement chez l'un ou chez l'autre.
Quelle que soit la solution choisie, c'est un changement important dans les repères spatiaux et temporels. Pour que tout se passe au mieux, les parents doivent aider l'enfant à s'y retrouver dans tous ces changements.

Voir avec lui, dans une ambiance bienveillante, sur un agenda ou un calendrier, les jours, les semaines, les week-ends où il sera chez l'un ou chez l'autre. Avec les plus jeunes, utiliser un code des couleurs par exemple.

Dans son nouvel espace, lui faire découvrir la nouvelle maison, le nouvel appartement, le faire participer à l'agencement de son espace personnel dans sa chambre. Choix des tapisseries, de la disposition des meubles, achat d'un ou deux accessoires qui vont l'aider à s'approprier sa nouvelle demeure.

Lui faire découvrir le nouveau quartier ou la nouvelle ville en faisant des courses ou des visites. Parler beaucoup avec l'enfant à cette occasion, l'aider à exprimer ce qu'il ressent.

Expliquer le voyage en avion, en train, en voiture. Montrer la carte du trajet. Présenter les retrouvailles comme une fête. Rassurer au moment des séparations : "Tu me quittes mais c'est pour retrouver ta maman (ou ton papa), nous nous reverrons bientôt et alors tu auras beaucoup de choses à me raconter".

Dans la mesure du possible, faire en sorte que ce divorce n'entraîne pas de changement d'école. Si ce n'est pas possible, essayer de différer le changement d'école, de collège ou de lycée jusqu'à la prochaine rentrée scolaire.

La communication entre les parents :

La communication entre les parents est essentielle pour le bon développement psychique de l'enfant. Si ses parents sont capables d'échanger à son sujet c'est la preuve pour lui que son existence à un sens et c'est aussi ce qui va lui permettre de ne pas être clivé entre l'un ou l'autre. Il pourra aimer ses deux parents sans trahir ni l'un ni l'autre. Il pourra prendre ses références identificatoires dans les deux modèles que représentent son père et sa mère.

Dans cette co-parentalité, les parents devront être exigeants envers eux-mêmes. L'enfant, pour mieux se repérer dans sa nouvelle vie, a besoin de rigueur, de ponctualité, qui sont autant de preuves d'amour envers lui. Si un changement survient dans le rythme des alternances de garde, il devra être expliqué à l'enfant avec des mots qui conviennent à son âge.

Communiquer, cela veut dire parler de tout ce qui concerne l'enfant, sa vie de petite écolier, sa santé, ses copains, ses jeux. Parler ensemble, échanger les points de vue au moment des décisions qui engagent l'avenir : décision d'orientation scolaire, choix de filières professionnelles etc...

Communiquer avec l'ex-conjoint pour mieux garder le contact avec les grands-parents paternels et maternels. S'ils ont eu la sagesse de ne pas trop prendre parti au moment du divorce, cela peut être assez facile. Sinon, favoriser tous les rapprochements qui pourraient avoir lieu au moment des événements exceptionnels par exemple : fêtes de Noël, anniversaires etc...

La communication avec l'enfant :

L'enfant doit pouvoir s'exprimer librement au sujet de sa nouvelle vie. Il doit pouvoir faire confiance à ses parents qui ne vont pas utiliser sa parole pour lui faire dire du mal de l'un ou de l'autre.

Ce n'est pas à lui de choisir ce qui lui convient ou qui ne lui convient pas, ce choix serait source de culpabilité. Ce qui n'empêche pas de le consulter lorsqu'il faut prendre telle ou telle décision. Mais ne pas hésiter à lui expliquer que ce sont les parents qui décident, ou le juge des affaires familiales lorsque c'est nécessaire.

Il en sera autrement lorsque l'enfant grandira et deviendra adolescent. Dans ce cas, il pourra exprimer ses préférences d'autant plus facilement que ses parents ne l'auront pas utilisé comme une enjeu dans leur relation de couple. Permettre aussi à cet adolescent des revirements, des changements d'opinion qui sont le fait de tout adolescent. Cependant même au moment de l'adolescence, l'adulte devra accompagner le jeune dans ses choix, au besoin, être directif en justifiant le bien fondé d'un telle décision.

Pour que cette parole soit possible, le parent devra absolument s'interdire toute critique à l'égard de son ex-conjoint, du moins en présence de l'enfant, mais n'oublions jamais que les enfants ont les oreilles qui "traînent".

Il devra également faire un effort pour que les liens de l'enfant avec chacun des deux parents s'inscrivent dans une contexte de complémentarité et non de rivalité. Chacune apporte des choses différentes mais nécessaires à l'enfant. Tant mieux si les modes de vie sont différents de part et d'autre, l'enfant pourra vivre ainsi des expériences différentes, mais, par contre, les actions éducatives des deux parents devront se rejoindre pour tout ce qui touche aux valeurs essentielles : le respect de soi, le respect de l'autre.

Bannir à tout prix les comptes d'apothicaire qui entretiennent un climat de suspicion, d'agressivité qui ne peuvent convenir à l'épanouissement d'un enfant. Que ce soit pour les comptes financiers ou les comptes relatifs au temps passé chez l'un ou chez l'autre. Sauf dans les cas de décisions de justice qui doivent être rigoureusement observées.

Si un différend survient au sujet du mode de vie que l'enfant vit avec son autre parent, le plus simple est de s'en expliquer avec l'ex-conjoint en dehors de la présence de l'enfant. Le recours à la justice ne doit être envisagé que quand le dialogue n'est plus possible.

Si l'un des parents est inquiet et croit que ce mode de vie présente un danger pour son enfant, il doit évidemment, si ses remarques sont sans effet auprès de son ex-conjoint, en référer à la justice, mais l'enfant doit rester au maximum en dehors de ces affrontements qui ont, le plus souvent, des conséquences néfastes pour le développement psychique de l'enfant.

Bien entendu, l'enfant doit rester en dehors de toutes les péripéties qui tournent autour du versement des pensions alimentaires. Même si ces préoccupations financières sont un réel souci, l'enfant doit être absolument tenu à l'écart de tout cela.

Se garder d'utiliser l'enfant comme un délateur de la nouvelle vie de l'ex-conjoint. Si ce dernier a reconstruit un couple avec un nouveau conjoint, s'il y a de nouveaux enfants dans ce foyer, l'enfant vous en parlera spontanément ou n'en dira rien. C'est à lui de juger s'il a envie de vous en parler ou non.

Quelquefois, les soucis des adultes ont débordé sur la vie de l'enfant qui réagit mal au divorce. Des troubles du comportement peuvent apparaître, les résultats scolaires peuvent baisser soudainement.

Malgré toute la bonne volonté de chacun, il peut aussi arriver que l'enfant ait quelques difficultés à s'adapter à sa nouvelle vie, qu'il se sente coupable de la séparation de ses parents.
Alors, il faudra envisager peut-être la consultation
chez un pédopsychiatre ou dans un centre spécialisé (C.M.P.P. ou C.M.P.). qui l'aidera à mieux passer cette période difficile.

Vous même, vous aurez peut-être besoin d'une écoute lorsque vous vous sentirez dépassé(e) par des problèmes trop lourds à assumer.

En conclusion, pour garder le bon cap, il vous faudra avoir à l'esprit que, sauf dans les cas extrêmes de parent maltraitant, tout ce qui contribuera à maintenir les liens de votre enfant avec son autre parent l'aidera à grandir.
Fin

Références

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